samedi 30 mai 2020

Auxiliaire parentale

Mon job d'auxiliaire parentale en trois points :



I- Introduction

 

J'occupe un poste d'auxiliaire parentale depuis août 2018, jusqu'au mois d'août 2020. J'ai été embauchée par deux parents, qui ont fondés une famille nucléaire composée de trois enfants au moment de mon embauche : L. 6 ans, M. 5 ans, J. 2 ans. Leurs parents sont investis dans une carrière professionnelle qui leur impose des horaires non conformes à ceux d'une structure collective ou d'une assistante maternelle. Ce choix de mode d'accueil était clair pour mes employeurs, ils en sont satisfaits et l'utilisent depuis la première année de leur aînée. Après la naissance de leurs deux autres filles, et un déménagement dans une grande maison, il était tout à fait logique pour eux de continuer avec une auxiliaire parentale garde à domicile. En tant qu’Éducatrice de Jeunes Enfants, j'ai apprécié le fait que les parents ne choisissent pas par défaut leur mode d'accueil et sélectionne la professionnelle avec laquelle ils partageront leur projet coparentale. Cette individualité était tout ce que je recherchais après mon emploi à la micro-crèche où le poids de l'institution et de l'équipe m'avait fait perdre mes repères et mon positionnement d'EJE. 

 

II- Auxiliaire parentale, garde à domicile, fille au pair, gouvernante ?

 

Lorsque j'ai eu envie de trouver un travail au domicile d'une famille, je n'avais aucune idée de l'intitulé exact du métier à chercher. Je connaissais le métier de  garde à domicile, mon expérience en Relais Assistant Maternel m'avait permis d'en étudier la convention et de rencontrer certaines femmes exclusivement qui faisaient ou avaient fait ce métier, elles étaient très peu nombreuses. Au sein de l'équipe, mes collègues me disaient que le territoire n'était pas assez pourvus de parents aux revenus assez élevés pour pouvoir se permettre d'embaucher une "nounou à domicile", et pour cette raison, ce métier n'était pas développé dans le secteur. En effet "depuis le 1er septembre 2019, le salaire horaire minimum brut conventionnel pour une garde d’enfants en métropole est de 10,40 €" Alors que le salaire horaire d'une assistante maternelle est bien plus bas (trop bas!) :  "Selon la convention collective nationale des assistants maternels du particulier employeur, chaque heure de travail par enfant doit être rémunérée au minimum 2,85 € brut (au 1er janvier 2020). À titre d'exemple, une journée de neuf heures de garde est payée au minimum 25,65 €."

 

J'ai découvert le terme d'auxiliaire parentale en m'inscrivant sur Aide-au-top.fr. C'est un site qui permet de publier des annonces d'offres et de demande dans le secteur tertiaire. Il met en lien les particuliers employeurs à la recherche d'un service  et les personnes qui proposent ces services (garde d'enfant, ménage, cours particuliers, etc). Sur ce site, de nombreuses assistantes maternelles sont reconnues grâce aux commentaires de leurs anciens employeurs qui leur permet d'avoir sur leur profil le logo "Top ass mat". L'annonce de mes employeurs, et d'autres vers qui j'avais postulé également, étaient intitulées "Recherche Auxiliaire parentale". J'ai appris que ce nom remplace celui de garde à domicile, pour plus de reconnaissance et pour professionnaliser un métier pouvant souvent être confondu avec du baby-sitting, à tort.

Le 30 janvier 2017 Armelle Bérard-Bergery rédige un article sur cette profession pour le site lesprosdelapetiteenfance.fr. L'auxiliaire parentale est définie ainsi :

"Elle seconde les parents quand ils sont là, et les « remplace » quand ils ne sont pas là. Concrètement elle est en charge d’un ou de plusieurs enfants âgés de 3 mois à 10 ans au domicile de leurs parents, qu’ils soient présents ou absents. Elle suit l’emploi du temps de la journée de l’enfant, entre activités, repas et éventuels déplacements. Elle respecte le rythme de sa vie quotidienne et peut donc être amenée à effectuer diverses tâches : surveiller, préparer et donner les repas, faire la toilette, assurer les soins comme le change, effectuer les trajets entre les différents lieux de vie de l’enfant. Elle contribue également à son développement physique et moral, en lui proposant des activités et des jeux. Elle participe donc à son éveil et à son éducation. On peut lui demander de réaliser des tâches « ménagères » quand elles ont trait à la vie  et aux espaces de vie de l’enfant :  le ménage et le rangement sa chambre, l’entretien de son linge, la préparation de ses repas, le maintien en ordre du salon si l’enfant y joue régulièrement etc."

 

Quand je parle de mon métier d'auxiliaire parentale, on me dit souvent : "c'est comme fille au pair" ou "tu es gouvernante en fait!". Non, bien sur ce sont encore deux métiers distincts de celui que j'exerce, mais il y a des similitudes en effet! D'abord le fait de travail au domicile de ses employeurs, dans leur intimité, de connaître cette maison presque mieux que chez soi car on y passe plus de temps, de s'y sentir comme chez soi parfois…ces caractéristiques sont communes à ces métiers-là. En revanche, être fille au pair c'est dormir chez ses employeurs, y avoir sa chambre, sa salle de bain, y vivre vraiment. Le salaire d'une fille au pair est bien souvent inférieur à celui d'une auxiliaire parentale car c'est un métier de "transition" qui permet d'apprendre une langue étrangère durant ses études ou juste après. Ce n'est pas un choix de carrière. Concernant le métier de gouvernante, c'est un métier appartenant au secteur d'activité de l'hôtellerie, nécessitant un niveau de formation, un diplôme. C'est un travail à responsabilité, la gouvernante supervise le travail des femmes de chambres. Selon le Larousse, une gouvernante est une "Femme chargée de la garde et de l'éducation d'un ou de plusieurs enfants." C'est donc une ancienne définition qui fait référence à la nurse, mais qui selon moi n'a plus lieu d'être aujourd'hui car elle ne met pas suffisamment en valeur le travail que cela représente d'accompagner des jeunes enfants dans leur quotidien, en lien avec le projet parental. Le terme d'auxiliaire parentale est plus parlant et valorisant.

 

 

III- Pourquoi auxiliaire parentale ?

 

Je me suis posée cette question de nombreuses fois avant de m'engager évidemment ! Mes trois premiers emplois : remplacement d'une responsable de relais assistant maternel, animatrice dans ce même lieu et accueillante lieu d'enfants parents, et enfin référente de micro-crèche, m'ont permis d'exercer mon métier d'EJE sous toutes ses facettes, et surtout mes préférées. C’est-à-dire le temps passé auprès des groupes d'enfants et les réflexions pédagogiques à engager pour faire évoluer mon positionnement, la confrontation avec mes difficultés et mes doutes et l'envie d'évoluer pour m'épanouir davantage dans mon travail, le travail avec d'autres professionnels de la petite enfance et cet "autre" parfois difficile à comprendre mais toujours source d'apprentissage, une gestion administrative complexe et intéressante. J'ai été chanceuse et heureuse d'avoir fait l'expérience de ces emplois enrichissants, mais certains épisodes, dans un début de vie professionnelle, sont déterminants, ils permettent de mieux se connaître. Ma sensibilité a été mise à rude épreuve, et cela a parfois été violent pour moi. J'ai expérimenté mes limites, cela a été le début d'un apprivoisement de mes émotions. Cela a été le moment où je me suis autorisée à aller vers ce que percevais bon pour moi à ce moment-là, et non pas ce qui mentalement me semblait bien ou gratifiant. Je répétais beaucoup, au moment où j'ai été embauchée en tant qu'auxiliaire parentale, que je me faisais un cadeau. Je me suis offert un respect, une estime, de l'amour. De moi à moi. De moi à l'EJE que je suis. C'est ainsi que j'en suis arrivée à ce métier, j'ai compris que j'avais besoin d'être dans un cocon un petit moment, sans institution, sans équipe (le management a été une expérience douloureuse!), sans souffrir aussi de ne pas pouvoir prendre assez de temps et de disponibilité mentale et physique pour accueillir les émotions des enfants, leurs besoins, être pleinement présente, pouvoir prendre le temps, respecter mon rythme et celui des enfants… Rapidement j'ai aussi compris que je m'étais orientée vers ce métier d'auxiliaire parentale parce que j'ai toujours accordé naturellement beaucoup d'importance à ma relation avec les parents. Quand ceux-ci en avaient besoin être à leur écoute, partager avec eux ce qui j'ai vu de la vie de leur enfant. Un jour une collègue, devenue amie, m'a dit " les enfants, c'est maintenant". Ça a pris sens… je pense souvent à cette phrase, à ces instants de jeune vie dont on a la chance d'être témoin et garant en tant que professionnelle en petite enfance.


Auxiliaire parentale pour retrouver l'amour de mon métier, ce pourquoi j'ai eu envie de le faire, ce pourquoi j'ai eu envie d'être éducatrice de jeunes enfants, réveiller mes sensibilités créatrices.

Auxiliaire parentale pour écouter cette envie de voir un enfant grandir, de m'en occuper, de l'accompagner, de l'aider quand il en a besoin, de le regarder avec bienveillance, de le porter dans ses apprentissages, de contenir quand ça déborde, de consoler quand ça pleure, de dire "c'est ok" quand ça se met à hurler à l'intérieur.

Auxiliaire parentale pour ressentir ce tout, pour vibrer, parce que j'ai choisi ce métier d'EJE pour habiter d'ETRE ce que je fais.

 

"FAIRE CE QUI EST JUSTE NOUS LIBÈRE" 

Marie Montessori


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